VIVRE ART CLOCHE
Par Ody Saban

Pourquoi. Une angoisse s'élargit gonfle s'ouvre en se bobinant en noeud palpite le coeur ferme les yeux presque en panique noire qui s'infiltre de l'estomac aux angles des bras se coince rentre et puis soudain ça part s'enfolle à l'odeur de vache un regard triste dans un espace où l'immeuble est à personne vidé en train de se détruire resté encore debout pour moi pour l'autre comme moi presque. Et l'autre face de la médaille à arroser fertilement à se faire accepter de créer et faire partie d'un gros mal intestinal.

Du ventre s'envole en ailes un horizon bleu où nulle part t'amène le bonheur de la découverte de rien d'absolu de cette atmosphère terrienne je n'avais pas où aller m'isoler grand dans ce bordel de saleté j'ai trouvé des papiers des bottes de conserves vides que les clochards jetaient à l'endroit qui leur plait et où ils dorment après avoir mangé et craché et pissé il sommeil- -le la bouche pleine ouverte de bouteilles de rouge et de white spirit Ponpon le philosophe de la rue quotidienne là oùù on vit je ramasse pour nettoyer mettre peut-être une serrure et faire quelque chose avec cette double fourni- ture poubelle propre et poubelle sale faire quelque chose avec pourvu que ça soit autre chose que ce que je vois qui serait semblable inconsciemment au début sans fin de l'oeuvre. Les escaliers craquent de temps en temps mes pieds passent par les trous du sol jusqu'au moment où je les repère un à un j'observe où c'est dangereux où il faudrait se protéger pour ne pas se casser la gueule nettoyer où j'ai envie de rester longtemps ne pas attraper des germes de mauvais noms.

Les seins des pays fr ids se froissent contre le pull la sueur descend du front quand je porte des kilogs de moquette trouvés d'ici par là pour fabriquer des murs de séparation pour que mon voisin bien aimé ne me fixe pas l'oeil pendant le secret ce sont des miracles de bidons d'ateliers qui se créent lentement au troisième étage ici et là-bas éparpillement d'un menu pas mal à rassembler. Nettoyer les rues et les intérieurs de ceux qui jettent et y prendre en choisissant les meilleurs morceaux.

La solitude est pleine de mémoire ici la solitude fonctionne au niveau du top descente ça y va. Plus tu es dans l'ambiance des multiples créateurs de jungle dans la vie sans séparation de tête du coeur affectif plus va la fusion,,,en soi l'enfant quand il est bébé à part ses parents ne choisit pas quand il regarde il prend tout à l'état purement végétal c'est l'ouver- -ture tout et n'importe quoi une multitude de gens qui passent et ta mémoire brise les visages ta mémoire descend à la préhistoire au néolithique et puis lentement entre les murs gris crasseux au paléolithique je suis dans l'enfer à me rappeler comment ça se vivait sans consommation ni publicité sauvagement une saleté sans pudeur m'envahit où je me sens heureuse.

Jeahnot vient m'apporter des biscuits il se nourrit de Coluche il est costaud et aime prendre en quantité une nourriture pour distribuer il me dit tu es beaucoup@dans le bleu aujourd'hui prend un saucisson de chewing-gum entou- ré d'ail de chez Monsieur Europe tout le monde au président ça klaxonnebien chez lui il s'ammène encore une fois avec une radio pile il parle de son foutu boulot de blanchir les murs en blanc beige vert chez la mademoiselle en effet il ne cache pas son petit air joyeu-x d'avoir de la tune on descend prendre un coup'en passant chez Ponpon lui donner quelques sous aussi avant qu'il aille ramasser dans les poubelles et revendre plus tard aux pauvres on sort du squatt vite pour voir l'autre monde qui se parle debout au bout du comptoir Philippe est déjà là décorateur colleur de carreaux qui a usé ses genoux assez tôt étant à quatre pattes à son âge je passe mes mains sur son visage rond il me lâche mes doigts qui sont bleus d'un côté jaunes de l'autre il dit qu'il préfère la couleur à l'huile qui glisse mieux que l'eau je lui dis que je préfère l'odeur d'amoniaque à l'acrylique elle me rapproche de l'urine il me parle du brun Van Dyck Leuck arrive il n'est pas loin de son côté anal qu'il chante en blanc visage gonflé habits plâtrés craquant sur lui en fissures de son père-mère.

Je monte remonte l'escalier i Il y reste au premier étage j ' y retombe au rez- de-chaussée dans la cour à la poule aux pous aux alcoolos j 'y retourne au pre'mier vais au deuxième je suis seule en plus au deuxième au troisième il n'y a jamais une femme qui travaille qui crée j'y retourne tourne à ce monde d'hommes où je deviens mec je me demande si je rêve ou si vraiment je suis seule dans cette foule et pourtant je ne me sens pas seule les gueu- les des clochards sont les gueules de mes oeuvres de plus en plus je prends place parce que de plus en plus je suis là la plupart du temps sans répondre au moment donné à l'agression je prends place lentement sauvagement comme ça me vient et je me sens libre je bosse et ça leur plait à Ponpon de voir les gens bosser face à lui rêvasser et dire des enculés.

Je dors la nuit avec l'oeuvre en exécution je la garde jusqu'à sa finition sans fin mais pas chaque soir où pendant le moment que je ne suis pas là l'oeuvre disparaît ou change de forme de lieu de circonstance et le plus affreux de contexte ce qui me déplait furieusement mais je ne sais toujours pas qui clest l'ennemi très loin prochement présent je ne sais plus combien de fois de risques de dedans et d'extérieur sans surprise me font connaître le danger de' la création le mot manipulation tout le monde se sert de tout le monde était si anarchique que ce qui a pu prendre a su rendre autrement ceci s'appelle le plus beau vol que je n'ai jamais vu unique.

Direct indirect le soir de septembre 1984 Philippe et des amis de l'immeuble sommes au troisième étage c'est l'anniversaire la fête Jeannot mettant dans sa poche sa main ne trouva plus ses deux mille francs il dit oh ça c'est un de vous qui me l'a fauché et la bagarre éclate d'un coup la salle devient toute petite les uns stentassent aux autres et ça bouge on y arrive devant les escaliers par hasard pour se sauver le plus tôt possible en cas d'urgence les coups de poings enfin arrivent devant les oeuvres puis ça y est ctest fait l'oeuvre est en miettes par terre là je @dis j'y rentre complètement à civiliser mon cul sinon comment quitter partir mais partout clest pareil sinon faire semblant ailleurs il fallait quand même qu'on n'y touche plus de l'intérieur même pas une puce de mes enfants-oeuvres de plus en plus je me renforce et deviens dure dans les mots je fais face et amie aux clo- chards de plus en plus devenir squatteuse et clocharde.

La table était préparée en 84 pendant plusieurs jours une côte d'Adam était dessus qui devint celle d'Eve la côte était bien grosse sèche et coloriée donc aucun danger pour que rentre dans la gueule d'un chien voisin ou visi- teur puilsqu'elle était bien un seul homme qui engendre la femme mon con gonzesse collé à la table et bon je m'endors pour le repos et le lendemain plus rien sur la table rasée par l'autre que tu ne sauras jamais qui c'est ma petite comme sur les documents où tu n'apparaîtras jamais ou presque squattée comme si tu étais que de passage ici pour quelques minutes.

Un peu de Russe par ci par là pour faire des virgules faisant de l'art dans le squatt ou dans leur atelier ailleurs mais dans l'oeuvre ça n'a rien à voir avec le concept du lieu et de l'atmosphère et puis avec quelques Russes bien classiques ceux qui ne font que passer pour voir de temps en temps si leurs oeuvres n'ont pas été déplacées ceux qui se laissent aller par le courant en se disant de toute façon ctest une pièce de théàtre il y aura, une fin et je rentrerai chez moi ceux-là n'ont rien compris du style parce que liart d'art cloche est cloche d'art clochard celui qui vit même dans une maison peut devenir clochard dans l'oeuvre.

L'autre point de karma au 6 rue d'Arcueil c'est l'électricien plombier à Noël artiste le dimanche qui travaille à son tableau le mercredi et se remet en question chaque jour de la semaine sur sa création Clau,de épuisé de tout faire pour tout le monde.

Les artistes sont tous des égo.'lstes de grands guerriers qui ne pensent qu'à eux et veulent se rassurer qu'ils sont toujours sur le point du rayonnement dansant en plein pouvoir la plupart du temps "je te casse la gueule ton arc tu caches mon murl' tu parles llarc faisait 60 cm dans un espace de 1000 mètres carrés et tout ça me faisait rire à son âge l'artiste encore il se croyait aux Beaux Arts et perdait son énergie rien que pour écraser piétiner se mettre le premier en valeur c.omme ça très orgueilleux il adorait l'ancien squatteur manipuler passer les autres à la moulinette et quand tu ne baises pas en plus avec lui alors lui et moi on a tous les deux les dents grinçantes il sait comment je l'aime et connaît que je me moque de lui.

Chacun travaillant dans son misérable espace petit palais éphémère instable terre d'oeuvre performance d'attitude artiste-cloche et cloche-art fabriquant d'oeuvres anarchiques à ne pas se faire remarquer par les institutions sans méthode et sans pédagogie n'ayant ni début ni fin toujours au milieu d'une histoire invraisemblable labyrinthes des non sorties où l'un bouffe l'autre le gagnant utilisant son câté rusé un pouvoir enchanté créé à l'intérieur pareil à l'extérieur devenir clochard par nécessité.

Vol d'ici par là il y avait des moments très durs je croyais qu'on se détruisait lentement et puis des vols des oeuvres pour changer et peindre dessus autre chose le non respect de la non parole donnée de chacun multiplication d'utilisations sans fin.

La nuit s'approche et la guerrière rentre dormir à Art Cloche elle est vêtue moitié bleue moitié rouge rayonne la nuit et le jour en un seul corps elle est dans ce grand espace de Citroënne toute seule elle vient des temps anciens et se balade à garder l'endroit de la mère de la création de l'inven- tion le croissant de sa tête n'a rien à voir avec la sorcière comme on la représente en diable-liesse le croissant les cornes du taureau éclairent la route de ceux qui en ont besoin de la spiritualité dans l'esprit corps parole amour pur gratuit et en action sinon le croissant est chaud de soleil br–lant et perce avec ses deux bouts triangulaires quand il va plus loin il coupe parfois encore plus loin il se dédouble en deux directions opposées cette double opposition écoutait tout ce qu'on lui disait et le mauvais et le bon et laissait les gens parler elle jouait l'équilibre sur son point où les deux lunes se touchaient quand les deux lunes se communiquaient sans dualité il sortait de ce point une lumière mauve transparente extraordinairement fantastique positive elle bénissait les artistes vampires et leurs oeuvres érotiques banales démystifiées stylistes en art décoratif oeuvres d'idées de jeux nouvelles à tous prix et l'artiste qui fait travailler sa petite copine à son compte.

L'espace pue pour la personne qui n'est jamais venue ici l'espace craque pour celui qui découvre l'espace est dans une grisaille des couleurs en chaleur éclaboussent des noirs et des blancs en multitudes d'espaces qui sont liés corps à corps aux individus pouvoir survivre clest là que ça se passe je tiens dans ma main dans mon esprit l'endroit c'est ici que ma vie se passe puis elle est venue plus son travail est devenu vigoureux au niveau du sens du dedans plus elle y est restée plus ça allait mieux pour elle ça me faisait du bien d'entendre une voix de femme forte il y a ceux qui passent ceux qui restent un bout de temps avec nous et puis partent sans rien dire d'ailleurs il y en a de plus en plus qui restent.

C'est qui quoi Art Cloche en effet de la violence celui et celle qui en avait naturellement Art Cloche c'est faire avec sa propre vie l'art ne vient pas gratuitement vers l'artiste la création est une façon de vivre et pour cela Art Cloche est une création Art Cloche est l'espace musée qui est l'esprit des jeux je n'ai rien à foutre quand on nous dit que c'est du nC-o- Dada ou du néoisme que ça s'est déjà vu dans les années soixante ici ça parle de la violence ici on ne fait ni de l'an deux mille ni du rétro c'est maintenant que ça jaillit derrière la scène dans les coulisses. ART CLOCHE TOUJOURS MAINTENANT GUERRIERE ET AMOUREUSE. C'est pour cette raison que l'institution ne peut capter quelque part Art Cloche n'a aucune revendication à part le présent l'énergie de squatter est une nécessité et ceci fait peur parce que ça change tout le temps chaque jour est un autre jour avec beaucoup de surprise de regard autre qu'hier lfoeuvre et qui sait demain ce qui va arriver est chaque instant dans nous notre énergie dans notre engagement est la spontanéité lunaire changeante vagabonde le temps lunaire n'est vraiment pas classifiable et ceci fait peur Art Cloche a lvoeil éveillé il n'est que dans l'art de vivre clochardement et dans l'oeuvre.

ODY SABAN