HISTOIRE
Extraits
de Presse
Vingt
ans qu’ils sèment (…)
L’histoire des
squats d’artistes (dits « squarts ») démarre à la fin des années 70. Les
bâtiments vétustes qui abritaient de nombreux ateliers dans lesquartiers
populaires parisiens sont détruits, puis remplacés par des immeubles neufs
aux loyers élevés. Tandis que parallèlement se multiplient les friches
urbaines, rien n’est prévu pour reloger les artistes. Art Cloche, un collectif
d’une douzaine de trentenaires plutôt en rupture avec le monde de l’art,
innove alors en créant des squats d’artistes ouverts au public tout au
long des années 80. C’est sous luer influence qu’ouvrent de nouveaux squarts
au début des années 90 (…)
F.X.D.
Politis, 30 novembre 2000
La
peintre Ody Saban parle du groupe Art Cloche.
Un musée dans le garage Citroën
A Paris, Art Cloche utilise des espaces abandonnés et leur donne une identité
culturelle… « La plupart des supports utilisés par Art Cloche sont des
matériaux bruts trouvés dans la rue, ce qui crée une sensation de voyage,
de nomadisme.
Cela enrichit la création et l’âme… Art Cloche compte une quarantaine
d’artistes provenant de 20 pays différents. » Ody Saban, fait partie
du groupe depuis 1983 (…) Aujourd’hui, Paris a peur d’Art Cloche dont
le style ne correspond pas à l’esthétisme en vogue. Ody Saban travaille
avec des miroirs cassés, des tables : quand un miroir était cassé chez
elle, sa mère prédisait un malheur ; alors, pour rompre cette tradition,
elle emploie le verre brisé comme matériau. « La table, avec son pain,
est encore vénérée chez nous. Je désacralise la table en la peignant,
ainsi que les chaussures que j’y pose ». L’une des particularités d’Art
Cloche, c’est d’utiliser les espaces inoccupés, d’en faire des lieux de
création artistique et de travail. De 1980 à 1986, le groupe occupait
une ancienne usine de bombes. Ody Saban raconte comment le nouveau lieu
a été trouvé après la première expulsion : « Quand on a été expulsé par
la ville de Paris, pendant une semaine j’ai cherché un nouvel endroit.
Un jour, j’étais chez un copain et, par la fenêtre de chez lui, j’ai vu
un endroit immense : c’était le garage Citroën. Il était désaffecté et
ne servait plus à rien. On s’y est installé… La police est bien contente
qu’on soit dans ce lieu dont on a fait un espace culturel (…) »
Ody Saban précise
que ce garage de 5000 m2 est devenu un musée. C’est le premier musée au
monde à ne recevoir aucune subvention, publique ou privée. Par ailleurs,
Art Cloche est le premier groupe artistique à participer en tant que tel
à des ventes aux enchères. Ody Saban précise que Monsieur Chirac, même
s’il ne veut rien faire de l’immeuble, craint que cette pratique du squat
ne devienne courante. Les juges aiment bien Art Cloche…
Journal quotidien,
Cumhuriyet
14 novembre 1987, Istanbul
Désert
sous verre
(…)Comme
dans le désert après une tempête de sable, une lumière blanche tombe d’une
verrière si haute que les nuages passent en dessus et en dessous. Désert
en plain Paris. Des milliers de m2
(…)On s’aventure
dans une grandiose plaine, bordée de murs ocres, de poutrelles de fer
ouvragées et plus près, colorés comme des tentes de nomades, les croissants,
les étoiles rouges, bleues, dorées et blanches d’Ody Saban
(…) Repéré d’une fenêtre par Ody Saban, ce merveilleux désert sous-la-verrière
a été rendu à sa luminosité par une bande peintres nomades et squatters
(…).
Dominique Pèlegrin et Nane L’hostis.
Télérama N° 1923 Du 22 au 28 novembre 1986
Livre
en couleurs, Ody Saban, Editions Lisières, Paris. 2002.
Extraits: Question: « La provocation est-elle une nécessité ou une esthétique?»
Ody Saban : « Je ne suis pas particulièrement provocatrice bien qu’il
m’arrive parfois d’être violente. J’ai ressenti qu’il fallait que je laisse
apparaître la violence dans mon œuvre, à l’époque du squat que j’avais
ouvert rue d’Oran ? Je souhaitais que les femmes viennent, non seulement
pour accrocher leurs œuvres pendant les festivals, mais surtout qu’elles
puissent travailler sur place. J’ai construit des tables avec de grands
miroirs cassés. Lorsque des squatteurs misogynes menaçaient de me casser
la figure, j’allais derrière des tables autour desquelles pointaient vers
l’extérieur des clous et des lames de verre. J’ai appelé ces tables «
Les tables de la guerrière ». C’était à la fois pour me protéger, dénoncer
la violence, et inviter au calme. C’est dans ce contexte que le personnage
de Lilith est devenu une figure majeure de ma mythologie personnelle.
»
|